Cécile Duflot est une femme qui voudrait « qu’on en finisse avec le sexisme latent. Pas le gros sexisme gras qui tache, qui dit “les meufs à la maison” mais celui qui te coupe la parole dans les réunions, celui qui te dit d’un air insidieux “ça va, ce n’est pas trop dur pour les enfants ?” ». Tout le monde a un avis sur Cécile Duflot, et sur cette robe à fleurs qui lui colle à la peau. Qu’elle ne doit jamais plus remettre innocemment.
Ces avis-là n’ont aucune importance quand on regarde cette femme, cette vraie femme, qui répond présente, prête à témoigner, prête à venir en aide aux mères en difficulté qu’elle voit dans la rue. Cette femme réelle qui regarde sa lignée comme l’histoire d’une féminité brisée et qui élève ses filles sans référence. Qui élève ses enfants sans froideur et sans retenue. Cécile Duflot vous dit : « il faut pouvoir pleurer, il faut pouvoir dire “ok je n’y arrive pas c’est trop dur” ». Jamais elle n’a été prisonnière de son personnage public. Ministre ? Elle se regardait arpenter les couloirs sans y croire. Patronne de parti ? Le pire job du monde.
Pour elle, être une femme, « ce n’est jamais fini. C’est toujours une conquête. C’est aussi trouver sa place, hésiter, buter, rebondir, se relever… ». Quand on quitte Oxfam et le petit bureau de Cécile Duflot, on est pétrie de sororité. On l’a reçue comme un cadeau, sans avoir osé la demander. Il y a 150 ans, souffle-t-elle, avec son caractère, elle ne sait pas quelle vie elle aurait pu avoir. C’est vrai, ses regrets et ses craintes, sa joie et son énergie, sa colère et son émotion palpable, tout cela aurait été passible d’enfermement. Et on aurait bien partagé sa cellule.