Karine Arabian est une artiste qui résume « la femme s’autocensure, c’est même son sport préféré ». Il y a dans son regard une douceur qui confine à tristesse, mais qui vire vite à la malice. Dans sa posture, une réserve un peu craintive, qui cache mal un talent pour le don et la complicité. Karine Arabian a dû quitter sa marque, son nom public et quelques faux-espoirs. De l’obscurité, elle reparaît aujourd’hui, convaincue que « la liberté s’acquiert dans les contraintes. Sans contrainte, on ne créerait rien, il n’y aurait rien à créer.»
Son féminisme n’est pas vraiment militant, mais il est corrosif. Simple et radical. La mode est un domaine régalien des hommes, designée par les hommes, financée par les hommes. Karine Arabian, elle, se met du côté des femmes. Pas de manière sulfureuse, pas de manière provocatrice, sans idéologie. Elle regarde la réalité des femmes en face. Une femme, ça marche, ça court même, ça porte beaucoup, ça jongle surtout. Pour elle, « la féminité doit se chercher dans le bien être, pas dans la souffrance ». Exit les talons de 11 centimètres. Et allez vous faire voir avec vos fantasmes de femmes sculpturales, évanescentes, inhabitées.
Alors on a envie de lui dire merci. On a envie de la porter dans son nouveau projet. Avec elle, la féminité est entre de bonnes mains. Karine Arabian vit dans un monde miraculeux où la féminité a a gagné en chaleur et en sororité ce qu’elle a perdu en mystique exaltée. Et on a très envie de l’y rejoindre.