Véronique Slovacek Chauveau est une militante qui vous dit « il faut commencer à se battre même avant la naissance je pense, dès que l’on sait que c’est une fille ou un garçon on ne s’adresse pas à la maman de la même manière ». Vous revient soudain ce jour où, enceinte d’une fille, on vous avait dit « bon… ça sera pour une prochaine fois [NDLR : l’honneur de porter un mâle] ».
Elle s’est un jour retournée sur 20 ans de mathématiques à l’école. Et rien n’avait pas changé, surtout pas le faible nombre de filles dans les classes préparatoires. Comme une indisposition naturelle, ou une petite entreprise patriarcale rondement menée. Elle vous explique « dans les manuels, c’est sidérant. Il y a plus de personnages masculins que féminins. Les hommes sont représentés au travail la plupart du temps, alors que les femmes sont représentées comme des mères ou épouses ». Subtil rappel à l’ordre pour les jeunes filles qui se seraient perdues dans les études.
Véronique Slovacek Chauveau est une professeure de mathématiques qui n’a jamais eu peur de balayer devant sa porte : « les enseignants ont du mal à accepter de penser qu’ils ne traitent pas les filles et les garçons de la même manière. On a du mal à admettre qu’on produit de l’inégalité ». Les mathématiques, ce n’est pas une école de la rigueur mais de la créativité et de la curiosité. Ne nous y trompons pas, avec le numérique, c’est surtout devenu un levier évident de pouvoir. Dont heureusement, on garde les femmes soigneusement à l’écart. Véronique Slovacek Chauveau, elle, a les yeux bien ouverts.