Poème de Robert Desnos
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux...
Poème de Bernard Dadié
Les lignes de nos mains
ni Jaunes
ni Noires
ni Blanches
Ne sont point des frontières
des fossés entre nos villages
des filins pour lier les faisceaux de rancoeurs.
Les lignes de nos mains
sont des lignes de vie,
de Destin
de Coeur
d’Amour,
de douces chaînes qui nous lient les uns aux autres
les vivants aux morts...
Poème de Joachim du Bellay
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Poème de Victor Hugo
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit...
Poème de Pierre de Ronsard
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil...
Poème de Maurice Rollinat
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux :
Son petit faon délicieux
A disparu dans la nuit brune.
Pour raconter son infortune
À la forêt de ses aïeux,
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux.
Mais aucune réponse, aucune,
À ses longs appels anxieux !
Et le cou tendu vers les cieux,
Folle d’amour et de rancune,
La biche brame au clair de lune...
Poème de Alfred de Vigny
J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.
Que de fois, seul, dans l’ombre à minuit demeuré,
J’ai souri de l’entendre, et plus souvent pleuré !
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques...
Poème de Clément Marot
Où allez-vous, Anne ? que je le sache,
Et m’enseignez avant que de partir
Comme ferai, afin que mon œil cache
Le dur regret du coeur triste et martyr.
Je sais comment ; point ne faut m’avertir
Vous le prendrez, ce cœur, je le vous livre ;
L’emporterez pour le rendre délivre,
Du deuil qu’aurait loin de vous en ce lieu ;
Et pour autant qu’on ne peut sans coeur vivre
Me laisserez le vôtre, et puis adieu.
Poésie sensée de Victor Hugo traduite en vers loufoques par Pierre Dac
Mon père, cet anchois au sourire andalou,
Suivi d'un nénuphar qu'il aimait entre tous
Pour son faux-col vert-neige fait en pierre de taille,
Parcourait en nageant la foire à la ferraille,
Où se tenaient, pensifs, des melons accroupis...
Soudain, son gros orteil crut percevoir des cris.....
Poésie de Clément Marot
Plus ne suis ce que j'ai été,
Et ne le saurais jamais être.
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre.
Amour, tu as été mon maître,
Je t'ai servi sur tous les Dieux.
Ah si je pouvais deux fois naître,
Comme je te servirais mieux !