CinéSérie

'La nouvelle référénce pour l'actu cinéma et séries'

https://www.cineserie.com/

subscribe
share






Deauville 2023 : on a vu (et on regrette) "I.S.S.", drame spatial raté


Dans l'espace, tout le monde vous voit rater

Sur le papier, la promesse est belle. Réalisé par Gabriela Cowperthwaite, révélée par son excellent documentaire Blackfish et déjà réalisatrice de deux longs-métrages de fiction (Megan Leavey et Our Friend), I.S.S. a pour lui un joli casting, avec notamment la charismatique Ariana DeBose, et un pitch séduisant : que se passerait-il pour l'équipage russo-américain de la Station Spatiale Internationale si un conflit nucléaire éclatait entre la Russie et les États-Unis ?

I.S.S. ©Bleecker Street

Sur le papier donc, on pouvait s'attendre à un film mêlant film-catastrophe, thriller en huis clos et drame humain. À l'écran cependant, si on retrouve ces éléments, rien ou presque ne fonctionne.

Vous aimerez aussi
Deauville 2023 : Emilia Clarke porte "The Pod Generation", jolie comédie SF Il y a 2 Heures

I.S.S., drame spatial en chute libre

Les ingénieurs de l'aérospatiale ont coutume de dire que "l'espace veut vous tuer". Un environnement à l'hostilité extrême, où la moindre erreur peut donc tuer en une fraction de seconde, et c'est ce qui arrive vite à I.S.S.. Dans celui-ci, deux astronautes américains rejoignent l'I.S.S., où se trouvent déjà trois russes et un américain. Mais à peine sont-ils arrivés, une fois la bienvenue souhaitée et quelques mots échangés, qu'un conflit nucléaire entre la Russie et les États-Unis se déclare sur Terre. Le même message arrive alors aux Russes et aux Américains : prendre le contrôle de la station, par tous les moyens.

Les Russes sont les premiers à agir - ce sont donc les "méchants", avant que la réalisatrice ne nuance trop tardivement l'antagonisme - et les Américains semblent à la peine. Paradoxe, on s'ennuie vite mais le film voudrait qu'on n'ait pas le temps de reprendre son souffle. Mais c'est pour une raison de structure narrative : Kira, incarnée par Ariana DeBose, est le personnage principal, et c'est son dilemme moral qui donne le rythme. Doit-elle sauver ses seuls compatriotes, au risque de tous mourir, ou faut-il collaborer, sous-entendu sauver l'humanité entière ? Problème : ces astronautes agissent avec une bêtise surprenante, et les spectateurs ont donc facilement un ou deux temps d'avance sur le film.

I.S.S. ©Bleecker Street

Film catastrophe et thriller aux accents de guerre froide, I.S.S. voudrait tout faire mais n'y parvient pas. Les dialogues sont infondés et sur-explicatifs, les actions sont trop immédiates pour être cohérentes, les métaphores sont grossières et le casting ne semble pas entièrement croire à l'histoire. Pourtant, il y a du talent dans ce casting, avec pour entourer l'actrice de West Side Story notamment Pilou Asbæk, Chris Messina et John Gallagher Jr.. En plus de l'ordre de s'entretuer, les personnages d'I.S.S. doivent empêcher la station de s'écraser, et essayer de rejoindre la Terre en utilisant le module Soyouz. Tous ne peuvent pas y rentrer, et on se pose la question : à quoi bon, puisque la Terre apparaît dans les hublots ravagée par le feu nucléaire ?

Sans idée et sans but

Il y avait néanmoins à faire, en se focalisant sur un aspect plutôt qu'en brassant un mélange insipide d'inspirations hétérogènes. Sans vraiment d'idées de mise en scène, on ressent à peine le huis clos. Pas de sensation d'étouffement, de claustrophobie, pas de jeu sur la promiscuité forcée... Sans aucune ambition métaphysique - l'espace s'y prête pourtant bien -, I.S.S. rejoue decrescendo un conflit largement passé de mode, pour prendre la forme finale d'un téléfilm correct de deuxième partie de soirée.

En somme, Gabriela Cowperthwaite, spécialiste du récit de faits réels, ne réussit que ce qu'il y a de véridique dans son film : l'aspect de la Station Spatiale Internationale. Les décors de son intérieur semblent ainsi authentiques, les règles de vie auxquelles sont soumis ses occupants aussi. Aussi, l'effet d'apesanteur est assez bien rendu. Des faits intéressants et le souci d'une réalité - plus que d'un réalisme -, mais qui ne servent strictement à rien dans cette maladroite fiction de genre. C'est ainsi bien trop peu pour retenir d'I.S.S. autre chose que la sensation de perdre son temps.


fyyd: Podcast Search Engine
share








 September 4, 2023  n/a