Cause Commune

La voix des possibles

https://cause-commune.fm/

subscribe
share






episode 31: Sous les lapsus de l'actu


En référence au #31 de l’émission proposé par Patrick Bruneteaux & Olivier Grieco et diffusé en #DIRECT le samedi 24/02/2024 à 12:00 …

Parole de Patrick : « On n’a plus qu’à se faire sauter. On est coincé entre le suicide et la lutte. Je pense que le monde ordinaire n’existe plus aujourd’hui. »

Après l’évocation des publicités du métro qui ne nous annoncent que des bonnes nouvelles, c’est le concept de dynamique de positivité qui sera l’occasion d’écouter Franck Lepage au sujet de la pensée positive et du langage qui va avec comme le contrôle qualité ou le plan de sauvegarde de l’emploi qui masquent des réalités très fortement négatives.

Il a été insisté sur le rôle des faits divers et des émissions de télévision sur la police ou la gendarmerie dans la diabolisation absolue avec l’exemple du film La Bande à Baader diffusé le vendredi 23/02/2024 sur Arte.

Il est fondamental de considérer les termes du capitalisme aujourd’hui pour masquer la réalité violente dans laquelle il se déploie comme par exemple la démarche qualité qui est en fait une démarche de productivité dissimulant des épuisements au travail ou des suicides ou le plan de sauvegarde de l’emploi qui est en fait un plan massif de licenciement. Il n’est pas besoin d’avoir fait de grandes études ou d’avoir une bibliothèque fournie en anthropologie, en sociologie et en histoire pour prendre conscience de cette réalité et susciter des mouvements de protestation collectifs et vertueux.

La discussion a ensuite fait référence à une discussion avec Philippe Corcuff et les libertaires qui ne parlent jamais des sous-prolétaires en raison de leur absence de front de classe au sein de la machine d’exploitation. Ce qui pose la question des ouvriers qui votent extrême-droite ou de tous ceux qui sont des collabos, des zones grises, des chiens de garde et qui ne pensent qu’à devenir chef d’équipe ou à être ” jaune ” et à continuer à bosser.

Comme l’ont montré les auteurs plus bas cités, les fils des parents notamment immigrés qui avaient espéré que leur enfants ne soient pas ouvriers comme eux, qui les ont poussé à faire des études et qui se retrouvent tout de même à l’usine avec des licences ou des maîtrises pour cause d’absence de débouchés universitaires toujours plus réduits par rapport aux grandes écoles et des frustrations beaucoup plus importantes.

Retour sur la condition ouvrière – Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard de Stéphane Beaud, Michel Pialoux – La Découverte – 2012

Que sont devenus les ouvriers ? Objet de toutes les attentions depuis la révolution industrielle jusqu’aux années 1980, les travailleurs d’usine n’intéressent plus grand monde après l’échec du projet communiste et l’effondrement de leurs bastions industriels. Brisée dans son unité, démoralisée, désormais dépourvue de repères politiques, méprisée par ses enfants, la classe ouvrière vit un véritable drame – à l’écart des médias. Les ouvriers continuent pourtant d’opposer avec un succès relatif certaines de leurs traditions de résistance à la dynamique qui les détruit.

Cette remarquable enquête, sensible et documentée, fait toute sa place à la parole ouvrière pour rendre hommage à ces hommes et à ces femmes dont la dignité est aussi imposante que celle dont firent preuve leurs parents à l’heure des victoires. Treize ans après sa première édition, dans un contexte ou le monde ouvrier n’en finit plus de subir l’impact dévastateur de ce capitalisme financiarisé dans le cadre duquel une petite minorité de puissants actionnaires dicte sa loi aux managers et aux peuples, cet ouvrage n’a rien perdu de son actualité. Il permet de comprendre la réalité ouvrière d’aujourd’hui et peut servir de garde-fou contre la dénégation plus ou moins subtile de son existence dans l’espace public.

La pensée critique implique ainsi d’essayer de se demander comment sortir du bidochon, du beauf, de l’aliéné, du ” jaune ” malgré la présence de ce que Pierre Bourdieu qualifiait d’entraîneurs comme ces animateurs de radio et de télévision qui sont toujours débordants de bonne humeur le matin (alors qu’ils sont en fait crevés de devoir se lever à trois, quatre ou cinq heures du matin chaque jour de la semaine) constituant des remlais des incitations des dominants à ne pas faire la gueule, à être heureux et à assigner l’auditeur ou le spectateur au beau.

L’exemple de la dernière sortie d’Emmanuel Macron a été cité :

Emmanuel Macron a-t-il dit “les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation saine” ? Retour sur une polémique en quatre actes – 24/02/2024 15:42 16:49 – France 3

Il a été insisté sur le rôle des faits divers et des émissions de télévision sur la police ou la gendarmerie dans la caricature et la diabolisation absolue avec l’exemple du film La Bande à Baader diffusé le vendredi 23/02/2024 sur Arte véhiculant une logique de disqualification et de stigmatisation des ” fous ” d’un côté et la validation des autorités munies d’un mandat représentatif forcément démocratique. La géographie des médias tous situés dans les quartiers favorisés de la capitale et protégés par des forces de l’ordre nombreuses et équipées le cas échéant en est aussi une parfaite illustration.

« Entre les agents en civil et les CRS en uniformes, ce sont 800 membres des forces de l’ordre qui ont été déployés pour former une véritable bulle de sécurité autour d’Emmanuel Macron. »

Salon de l’agriculture : après sa visite mouvementée, Emmanuel Macron pointe la responsabilité de ceux qui “sont là avec un projet politique, servir le Rassemblement national” – 25/02/2024 09:52 – FranceInfo.tv

La protection des dominants a ensuite été examinée à travers la visite d’Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture et le premier refus de débattre d’Arnaud Rousseau, l’homme d’affaires patron de la FNSEA, dont le parcours édifiant de tout – sauf d’un agriculteur – a été détaillé comme ce n’est jamais le cas au sein des médias de masse. Il a été aussi question de savoir comment la FNSEA a régi le monde rural en imposant une identité d’agriculteur exploitant qui plaît aux agriculteurs, non pas celle d’une classe sociale mais celle d’un monde à part de la ville. Ce qui ne l’empêche pas d’exploiter un prolétariat agricole dont la condition a été rapprochée de celle de la condition des Noirs aux États-Unis à travers les lois Jim Crow. Le système de mise en dépendance de l’exploitant mis en place par les cadres techniques du syndicat est aussi une autre des explications de cette mainmise de la FNSEA sur tout le système.

Comment expliquer la domination de la FNSEA parmi les agriculteurs·rices ? – 07/02/2024 – Contretemps.eu

Enfin, le rôle particulièrement néfaste de la caste manageriale privée publique, troisième pilier du système, dans son intrication très étroite entre les affaires d’État et les affaires privées autrement dit entre le capitalisme agricole et les élites administratives de l’État a également été détaillé à travers l’exemple de la collusion des précédents en ce qui concerne les mégabassines et de la situation enviable des préfets en conclusion de la première partie de l’émission.


fyyd: Podcast Search Engine
share








 February 24, 2024  2h3m