Karen Jequier est une femme de moins de 40 ans qui constate combien « pour une femme, être ambitieuse, cela paraît suspecte ». Pas très naturel, pas très raisonnable. Comme si l’ambition se révélait toujours le cache-misère de la féminité.
Bien avant de se heurter à des études et une vie professionnelle dominées par les hommes, Karen Jequier a été biberonnée à l’efficacité. Elle voulait faire une différence. Elle exige des nouvelles générations qu’elles soient aussi intransigeantes : qu’elles revendiquent l’égalité hommes-femmes autant que l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Puisque le marché du travail ne déroge pas à la règle de l’offre et de la demande, que chacun joue sa partie sans attendre.
Il y a chez Karen Jequier, cette féminité souriante et enjouée, un rire truculent et communicatif. Mais elle a quelque chose de plus. Au cœur de cette féminité, ni en dehors, ni au-delà, on sent une formidable envie et une formidable confiance en elle. Répondre de son chiffre d’affaires et de ses marges ? Elle adore ça. Et voir des alter egos masculins pâlir de crainte face à la pression, elle y est habituée. Elle sait qu’on ne l’attend pas toujours au centre du ring. Au début, ils ne savent pas qu’elle y est si à l’aise.
Nous sommes face à une femme qui n’a pas peur. Ni des autres, ni d’elle-même. Son premier combat, c’est d’aider les femmes à écouter leurs aspirations profondes, pas les modèles socialement acceptables, pas les projections que l’on fait sur les femmes. Essayer de trouver leur justesse propre, s’écouter elles-mêmes.
Quand on quitte l’open-space de Karen Jequier, on a été touché par un beau naturel, presque sculptural, par une incroyable intégrité psychique et mentale. Rien chez elle ne triche jamais, ne dissimule jamais. Il nous reste à l’oreille la légère émotion qui fait trembler sa voix quand elle se confie. Pour elle, la sincérité aussi fait partie du jeu.