Projet futuriste, autant esthétique que philosophique, cet « Orchestrion » repousse les limites de la musique instrumentale et du jazz. Conçus avec l’aide de Eric Singer, de la League of Electronic Musical Urban Robot (LEMUR), de Ken Caulkins de Ragtime West, Mark Herbert, Cyril Lance, et Peterson Electro-Musical Products, les Orchestrionics sont des instruments mécaniques comme le piano, marimba, vibraphone, basses, percussions, cymbales, batteries… pilotés par la robotique et le guitariste à la tête d’un one-man band organique. Rien à voir avec le pilotage de séquence midi lancée par un musicien en live comme vous pouvez le voir régulièrement, aucun son n’est échantillonné, tous les instruments ont été enregistrés avec des micros pour un rendu parfaitement naturel. Rien n’est laissé au hasard dans ce projet, la centaine de feuillets de partitions créée par le compositeur-guitariste en atteste, c’est une véritable symphonie jazz avant-gardiste repoussant les limites de la technologie. Certains pourront reprocher un jeu trop mécanique aux différents instruments (ce que je ne trouve pas) ou même le fait qu’il n’y ait pas le groove et l’inventivité des autres musiciens. Malgré cela, l’émotion est omniprésente grâce à l’interprétation du guitariste et des robots, la variété des sons utilisés et des thèmes, d’un tel foisonnement créatif, combleront les amateurs de Jazz moderne. On retrouve l’extraordinaire patte du grand Pat, la multitude de rythmes, de beats, d’idées et de phrasés subtilement agencés, les alternances entre les passages planants et ceux plus relevés apportent une richesse à une oeuvre que je ne me lasse plus d’écouter depuis le premier jour. En 5 titres, le musicien (17 fois primés aux Grammy awards : un record !) démontre une nouvelle fois sa créativité sans limite et son intelligence toujours au service d’une très grande musicalité. Le premier morceau éponyme vaut à lui seul l’écoute de ce chef d’oeuvre que je vous recommande très chaudement.